Poudlard. Elle enveloppa l’immuable bâtisse d’un regard froid. Poudlard. Sa maison, son enfer personnel. Poudlard. Son refuge amoureux. Elle y avait connu Jackson mais surtout, elle y avait connu Gabriel. Un frisson parcourut sa colonne vertébrale tandis que le souvenir de l’une de leurs étreintes dans l’un des nombreux coins du château lui revenait en mémoire. Il était doux, à l’époque, ce gamin aux hypnotisant yeux bleus, il était beau, il était en vie. Elle aussi. Elle vivait, elle respirait non pas par habitude ni nécessité, elle respirait parce qu’elle aimait ça. Sentir l’air entrer dans ses poumons et entendre son coeur tambouriner au rythme d’un autre. Elle vivait, Persephone, putain, elle vivait. Et elle l’avait rencontré. Jackson. Son monde avait cessé de ne tourner qu’autour d’elle. Il était devenu le centre de son univers, de son existence, le point la rattachant à la terre ferme.

Elle soupira en poussant la lourde grille du château. Au fond d’elle-même, elle avait toujours su qu’elle reviendrait ici, à la fin. Ah, parce que c’est la fin ? Quelque part, oui. Elle abandonnait, elle renonçait à sa vengeance. C’était fini. Le souvenir de Jackson s’estompait peu à peu et elle-même avait du mal à y voir clair. Pourquoi se battre alors que tout était fini ? Mink était morte et emportait avec elle le secret de leur accord. On ne saurait pas que c’était elle qui avait commandité tous ces meurtres. On ne saurait plus. Elle ne savait plus. Persephone leva lentement la tête. Ses cheveux détachés voletaient légèrement avec l’air de la nuit. Elle pencha légèrement la tête sur le côté, le regard fixé dans le vague. Peut-être regardait-elle une tour, peut-être regardait-elle une fenêtre précisément. Elle ne savait pas. C’était fini.

Une branche craqua derrière elle. Sans doute était-ce l’une des créatures propres au château, peut-être une licorne. Elle se tourna, un sourire incertain aux lèvres. Persephone croisa leur regard déterminé. « Une licorne.. » souffla-t-elle doucement avec une ironie non dissimulée. Devant elle se tenaient Alecto et Amycus Carrow. Pauvres débiles, pauvres ères. Ils faisaient partie des rares mangemorts à n’avoir pas été arrêtés par le ministère. Le ministère.. dire qu’elle avait voulu qu’il tombe ! Ah, c’était loin, c’était fini. Elle leur adresssa un sourire bienveillant. « Bonsoir.. vous n’avez pas changé » ajouta-t-elle, après un instant de silence, une moue déçue sur le visage. Elle s’était attendue à autre chose. À des visages émaciés, à des loques sales et puantes. Au lieu de ça, ils semblaient en pleine forme. Intéressant, songea-t-elle. Quelqu’un devait leur être venu en aide. Perspephone leva les bras, comme en signe de bienvenue. « Alors ? J’attends » fit-elle, autoritaire. Les deux Carrow se consultèrent rapidement du regard, presque surpris. Le sourire de la jeune femme s’élargit. Elle était.. heureuse.

Persephone ferma les yeux et rejeta la tête en arrière lorsqu’elle vit leurs baguettes se lever. Le sage ne meure pas, il s’en va en acceptant sa fin, lui avait-on dit un jour. Qui avait eu ces mots ?.. elle cessa de réfléchir. Il n’était plus temps de penser. Ou plutôt, si. « Leigh.. » soupira-t-elle, comme à regret. Tout avait une fin. La sienne était là.

Au lendemain de la découverte du corps de Persephone Mills, Ministre de la Magie, sur les pelouses de l’école Poudlard, une annonce retentit dans les couloirs du Ministère, les Mangemorts étaient de retour. Un an après la destruction de leur Maître incontesté, ils refaisaient parler d'eux. Voldemort ne pouvait revenir, le Survivant l’avait détruit sans possible retour en arrière. Alors que voulaient-ils ? Une autre guerre ? Un autre désastre pour la communauté magique ? Une autre répression pour les Nés-Moldus ?

« Très chère communauté sorcière, je sais que certains d’entre vous me connaissent, mais pour les autres, il va falloir que je me présente : Roy Caldwell. Je suis devenu cette nuit votre nouveau Ministre. » déclara-t-il un sourire malsain inscrit sur ses lèvres. « Ce qui est arrivé à miss Mills est regrettable mais ce n’était pas une personne digne de confiance, ni quelqu’un de respectable. Voyez-vous, elle respirait la vengeance et elle ne souhaitait qu’une chose : la destruction du monde magique rien de plus. Vous nous pourchassiez pour avoir tué un nombre conséquents d’êtres humains, seulement, ne faisiez-vous pas la même chose en assassinant cruellement chaque ancien partisan de notre Maître ? N’était-ce pas cruel la façon dont vous nous tuiez ? Encore aujourd’hui nous allons enterrer deux des nôtres : Nemesis Mink et Lucius Malefoy, retrouvés empoisonnés dans le manoir Malefoy. »

La rumeur gronda auprès des journalistes. Le grand Lucius Malefoy était mort ? Un frisson désagréable parcourut l’assemblée.

« Alecto et Amycus Carrow vous ont rendu service en tuant miss Mills et il va falloir leur montrer une grande reconnaissance, d’autant qu’ils seront mes bras droits à compter de ce jour. »

Il jubilait, totalement ravi de voir cette crainte s’allumer dans les regards de ces imbéciles. Ils avaient fêté la victoire un peu trop rapidement et abandonné certaines poursuites en pensant naïvement que jamais plus ils n’auraient affaire à eux. Leur plan fonctionnait à merveille, personne ne pourrait les arrêter de nouveau. Le Ministère était tombé entre leurs mains – comme leur Maître l’avait fait avant sa défaite – mais là, il n’y avait plus de prophétie, plus de Harry Potter, plus rien qui pourrait empêcher de reprendre le pouvoir petit à petit.

Roy se leva de son siège et congédia les journalistes. Les mains derrière le dos, il alla se planter devant l’immense baie vitrée de son nouveau bureau fraîchement acquis, un sourire aux lèvres. Ils verraient. Tous. On ne se moque pas impunément des Mangemorts sans en payer le prix.

L’annonce était passée, la tranquillité quittait peu à peu les cœurs des sorciers en cette avant-veille d’Halloween. Les Aurors sont inquiets et n’osent rien faire. Et vous ? Allez-vous bouger ? Abdiquer ou vous battre ?

Johnathan Ezra Crow faisait les cent pas dans son bureau, la Gazette des Sorciers étalée sur un meuble, affichant un long article sur les récents évènements. Les Mangemorts étaient de nouveau présents, un meurtre avait eu lieu dans le parc de son école, tout semblait recommencer.

« Allons mon ami, cessez de bouger autant, vous allez donner la nausée à tous les tableaux ! » s’exclama Albus Dumbledore dans son cadre.
« Albus, les Mangemorts sont de retour. Ils ont pris le Ministère, Poudlard sera le prochain lieu d’attaque. »
« C’était à prévoir, John. Le Mal ne s’avoue jamais vaincu. Pour le moment rien n’indique que l’école est menacée, personne ne connaît leur plan. Vous allez devoir attendre avant de commencer à avoir peur pour votre vie et celles des autres. Organisez ce bal. »

Le directeur s’appuya sur son bureau, l’air pensif. Ce retour en force n’augurait rien de bon, de plus, le départ précipité d’un de ses enseignants le laissait perplexe. Le professeur Troy était quelqu’un de droit, quel Diable l’a poussé à tout quitter du jour au lendemain. John soupira et se passa une main lasse sur le visage, il posa son regard sur Dumbledore. Le pauvre fou avait raison, il ne pouvait pas priver les élèves de ce bal. Il allait devoir faire comme si de rien n’était. Il s’assit sur son siège pour la première fois depuis qu’il s’était levé ce matin-là, attrapa un bout de parchemin et une plume. Le chef des Aurors devait lui prêter main forte pour cet évènement si spécial. Même si les Mangemorts semblaient se terrer comme des serpents dans un trou, il ne pouvait pas prendre le risque de mettre la vie de ses étudiants en danger. Les Aurors devaient venir encadrer le bal et aider les professeurs en cas d’attaque.

Depuis toujours, Poudlard allait accueillir le bal, moment de joie et d’effervescence pour tous. Le château va s’orner de ses plus beaux atours pour plonger les élèves au maximum dans l’ambiance d’Halloween. Seulement, cette année, le bal sera sous le signe de l’angoisse, la Gazette ayant circulé, les élèves sont au courant que les Mangemorts sont de retour. Ne vous en faites pas chers élèves, les Aurors et les professeurs sont là pour vous protéger. Alors le bal sera sans histoires ?