L’inquiétude pour sa mère et le fait qu’ils n’arrivaient à rien avaient rendu Drago extrêmement nerveux ces derniers temps. Les personnes vivant à St James avaient eu le déplaisir de retrouver le Malefoy de Poudlard : désagréable, sombre et sarcastique au possible. Il l’était en temps normal, mais c’était clairement pour plaisanter, là il voulait blesser. Et il avait blessé. Plusieurs personnes du manoir avaient du mal à se retenir de lui en coller une dans la figure quand il allait beaucoup trop loin. Soyez indulgents qu’on leur disait il traverse une période compliquée qu’on rajoutait. Seulement il n’était pas le seul à vivre cette période compliquée. Ils étaient tous dans le même bateau. Drago se fit plus d’ennemis durant cette période que dans toute sa vie. Le blond avait également évité Harry comme la peste. Il ne savait plus comment se comporter avec lui et il ne s’expliquait toujours pas ce baiser, ni le fait qu’il avait grandement apprécié. Avant qu’on ne lui assigne la tâche du remède, il tournait en rond jour et nuit pour trouver la bonne phrase d’approche pour Harry. Comment est-ce qu’il pouvait s’excuser face à ce comportement sans que ça ne passe pour un profond regret. Il savait qu’ils avaient fait une trêve le temps de fêter la trouvaille qui sauverait bien des vies et dans l’euphorie générale Drago lui avait souri comme un gosse et avait accepté. Il avait bien failli lui dérober un second baiser ce jour-là tant il était heureux et soulagé. Il avait baragouiné quelques phrases sans queue ni tête à cause du manque flagrant de sommeil sans se souvenir réellement des mots qu’il avait prononcés durant la soirée qui avait suivi, mais il lui semblait avoir collé Harry un petit moment avant d’être happé par d’autres membres de la résistance venus le féliciter. Il espérait qu’il n’avait pas fait de grosse bourde ce qui serait très embarrassant pour lui. Aussi ce matin-là, quatre jours s’étaient passés depuis que le remède était là et il avait rendu visite à Astoria la veille pour lui annoncer la nouvelle. Libre à elle de divulguer les renseignements à Narcissa, mais la solution était là, les malades de Cromwell allaient bientôt pouvoir retrouver leur véritable foyer. Drago s’habilla pour aller prendre son petit déjeuner, il avait pris l’habitude de se lever très tôt pour profiter du silence du manoir avant qu’il n’entre en effervescence une fois ses résidants debout. Ça lui permettait de se reposer mentalement et de programmer sa journée. Il finit d’attacher ses lacets et sortit. Il passa devant des portes où il entendit des ronflements plus ou moins sonores et il sourit.

Il poussa la porte de la cuisine et commença à préparer café et ses œufs brouillés. Il repensa à ses dernières semaines et au réel bonheur de retrouver un véritable lit. Le manque de sommeil avait eu des effets néfastes sur lui et il y avait des moments dont il ne se souvenait plus. Un peu comme la soirée après la découverte du remède, c’était comme s’il avait pris une cuite monumentale et qu’il essayait de replacer les événements dans le bon ordre. Il demanderait à Siane ou Alexis ce qu’il s’était passé. En attendant il poursuivit sa préparation, versa le café dans sa tasse et les œufs dans une assiette et s’installa à la table où il commença à manger. Il faillit faire une crise cardiaque en entendant la porte de la cuisine grincer et laisser apparaître un Harry Potter encore peu réveillé. Drago se figea et il sentit son corps se raidir en le voyant. Ce n’était pas réellement prévu ça. Ils ne s’étaient pas retrouvés seuls depuis la soirée, depuis leur trêve. L’angoisse commença à monter chez Drago. Il avisa le jeune homme et lui lança un sourire en coin. « On est tombé du lit ? » Il était bien trop tôt pour voir la tête mal coiffée par ici. « Il reste du café dans la cafetière si ça te dit. » Ses doigts se crispèrent sur sa tasse. Pourquoi est-ce que ça lui donnait l’impression que ça faisait vieux couple ? Il secoua sa tignasse blonde avant de prendre une gorgée de café. Il allait pouvoir en profiter pour le questionner sur son comportement à la soirée tout en essayant d’être le plus discret possible. Il ne savait toujours pas comment réagir en face du brun et ça le rendait nerveux. Le calme et sa soudaine liesse s’étaient fait la malle au détriment de l’angoisse qu’il éprouvait à côté de Potter. Tout ceci restait étrange à ses yeux et il n’arrivait toujours pas à se l’expliquer. « T’as réussi à avoir des nouvelles de Granger ? » Il savait qu’il avait pu la voir en prenant l’apparence d’un garde de Cromwell et ça avait rendu Drago fou de rage. Il lui avait même passé un savon, jaloux de ne pouvoir faire la même chose avec sa mère. Il s’était montré abject pour aucune raison, il allait pouvoir s’en excuser. Excuses qu’il ferait une fois que la conversation serait engagée et qu’il allait s’assurer que Potter n’allait pas l’envoyer paître.