Frederick et Penny étaient indissociables. Toujours ces deux-là, côte à côte, l'un dans l'ombre de l'autre, leurs expressions des miroirs des pensées de l'autre, leurs doigts s'accrochant férocement pour ne jamais se laisser partir, se laisser égarer.

Ils ont toujours été heureux. Simples et heureux, vivant à Pré-au-Lard avec leur père, leur mère, leur (demi-)frère adoré Édouard. Rien n'a jamais manqué à Frederick, si ce n'était plus de temps pour lire.

Il fut envoyé sans surprise à Serdaigle, Penny à Serpentard. Une sorte de schisme, accentué par les fréquentations de la jeune femme, accentué par le jeune homme qui lisait beaucoup, qui lisait trop, trouvant dans les mots et les récits la même proximité qu'il avait perdu avec sa soeur. Pendant six ans, ils ne se parlèrent presque pas, même pendant les vacances. Ils avaient toujours mieux à faire, et ils s'aimaient toujours autant; mais c'était juste différent.

Maintenant, Derek regrette parce que Penny est morte et qu'il va mourir.

La guerre est arrivée et un loup-garou sauvage l'a emportée, sa soeur chérie, la meilleure amie qu'il n'a jamais travaillé pour avoir, la pire ennemie qu'il n'a jamais méritée. Ça le bouffe de l'intérieur. Il n'en parle pas mais ça le bouffe, bien plus que la marque de la Mort de laquelle il a hérité le lendemain de la mort de sa soeur, la culpabilité de ne pas avoir arrangé les choses avec sa soeur avant qu'elle ne parte à jamais.

Alors il lit.

Il était au stade trois quand le remède à la Marque de la Mort a été trouvé. Heureusement, il s'en est tiré mais de justesse, le chagrin et la perte de sa soeur l'enfonçant plus profondément encore dans les méandres de la maladie.

Il se souvient avoir vu son fantôme et des fois, elle lui manque, même sous sa forme éthérée. Il n'en parle à personne (il ne parle plus à personne) mais le fantôme de Penny le bouffe de l'intérieur et bientôt, il n'y restera plus rien.

Il est revenu dans la vie active mais a abandonné son stage à Sainte Mangouste. Édouard l'a engagé à la librairie, comme pour se faire pardonner de ne pas lui avoir donné plus de visites quand il était encore à Cromwell.