Faustina n'a jamais manqué de rien, mais elle a toujours désiré plus. Comme si tout n'était rien, au fond; comme si tout n'était pas assez. Des parents généreux mais absents; des dons magiques un peu en retard; une richesse inestimable, qui n'avait qu'une saveur amère; au fond, avant Poudlard, rien ne l'a jamais réellement rendu heureuse (à part peut-être ces livres qui l'emportaient dans d'autres mondes, ces essais sur la pensée humaine, ces romans sur des mondes extraordinaires. Et encore).

Répartie sans surprise à serpentard - pour son envie de construire sa vie par elle-même et non grâce à l'envie familiale, pour son envie de montrer sa valeur, pour son désir d'assumer pleinement sa personne -, c'est sur les bancs de l'école qu'elle a fait les renconters d'Édouard Douglas et Marverick Davenport, un poufsouffle de sang-mêlé au regard sombre, et un né-moldu de chez les lions. Ils sont vite devenus inséparables.

Elle s'est rapprochée de Marverick en cinquième année et en sixième année, ils sortaient ensemble, l'alliance parfaite - quoique décriée par ses parents, mais elle s'en fichait à l'époque. Après Poudlard, Faustina a commencé au bas de l'échelle malgré les places prestigieuses que ses parents lui offraient au ministère: elle a préféré exercer sa passion au sein de la librairie Fleury & Bott au Chemin de Traverse.

Faustina est tombée enceinte de Marverick il y a un an, leurs parents ont fait pression pour qu'ils se fiançent mais il est mort avant. Ça l'a un peu détruite à l'intérieur, et il y a comme une fêlure dans ses yeux quand elle parle de lui maintenant. Elle a perdu l'enfant.

Elle a insisté auprès d'Édouard pour qu'ils rachètent à deux la librairie après la mort de son ancien propriétaire. Presque tout va bien, pense-t-elle. Presque.